Prométerre salue la qualité du diagnostic posé dans la stratégie pour une protection durable des cultures, notamment dans son introduction, son analyse de la situation et son cadre politique. Ces éléments permettent de bien saisir les défis croissants auxquels l’agriculture suisse est confrontée. Toutefois, cette stratégie pêche par un manque d’urgence et d’opérationnalité. Elle se limite trop souvent à des intentions générales, sans traductions concrètes sur le terrain.
De nombreuses mesures proposées prennent la forme de dispositifs complexes (réseaux, plateformes, monitorings, conventions d’objectifs) dont la valeur ajoutée pour les exploitants reste incertaine. Les agriculteurs, pourtant directement concernés, sont à peine mentionnés. Cette marginalisation affaiblit fortement la crédibilité de l’approche et l’adhésion qu’elle pourrait susciter.
L'Association vaudoise de promotion des métiers de la terre regrette également l’absence de moyens réels pour répondre aux lacunes phytosanitaires. La stratégie ne propose pas de solutions nouvelles ou efficaces permettant de faire face à l’augmentation rapide des retraits d’homologation et à la multiplication des ravageurs. Dans ce contexte, atteindre l’objectif de réduction de moitié des lacunes d’ici 2035 semble irréaliste.
Il est essentiel que les objectifs soient adaptés à la réalité du terrain, en tenant compte de la diversité des cultures, des conditions régionales et de la pression économique sur les exploitations. La stratégie ne peut ignorer que pour certaines espèces, comme la vigne, les résistances sont partielles, temporaires, et que les pathogènes évoluent. La disponibilité rapide de matières actives efficaces reste un levier central de la protection phytosanitaire.
Les efforts d’innovation doivent être poursuivis, mais ils ne peuvent pas reposer uniquement sur des approches théoriques. La priorité doit rester la réduction des risques, et non une réduction quantitative systématique de l’usage des produits phytosanitaires, au risque de fragiliser la productivité agricole.
Enfin, Prométerre rappelle que la durabilité repose sur trois piliers : environnemental, social et économique. Or, cette stratégie semble n’aborder que l’aspect environnemental, en omettant les impacts sur la viabilité des exploitations et la charge administrative déjà très élevée. Toute mesure nouvelle, en particulier en matière de suivi ou de recensement, doit viser à simplifier, non à complexifier.
Prométerre appelle à une révision en profondeur des mesures proposées, avec un recentrage sur des actions concrètes, applicables, soutenues par des moyens adaptés, et construites en lien étroit avec les agriculteurs. C’est à cette condition seulement que la stratégie pourra répondre aux défis de demain et contribuer efficacement à une protection durable et réaliste des cultures en Suisse.